J'ai trouvé cette interview de Randy DePuniet sur un site qui parle pas souvent de moto (sports.fr), donc j'ai eu envie de vous en faire profiter !
En tout cas il parait motivé et ambitieux le frenchie malgré une certaine amertume vis à vis de Kawasaki.
Bonne lecture !
Vous venez de boucler la saison 2007 au 11e rang mondial, avec plusieurs places d'honneur et un premier podium en Moto GP à la clé. Quel regard portez-vous sur l'exercice plein que vous venez d'accomplir ?
Je retiens beaucoup de hauts, mais aussi quelques bas. D'abord, il nous a fallu développer la moto qui n'était pas assez performante à ses débuts. C'était une toute nouvelle machine et on n'a pas eu beaucoup de temps pour la travailler. Ensuite, aux essais de janvier, on a pu constater que cette Kawa était compétitive. Mais étant donné le retard que l'on avait pris, on a connu un début de saison difficile. Il nous manquait notamment de la puissance moteur, ce qui fait que j'ai commis des erreurs, avec quelques chutes en prime. Et puis en milieu d'année, j'ai dû courir certains Grands Prix blessé, ce qui ne m'a pas empêché de signer quelques belles performances. Au final, je suis surtout satisfait de ma fin de saison. J'ai marqué pas mal de points sur les quatre dernières courses et j'ai connu mon premier podium au Japon.
L'an passé, vous viviez une saison d'apprentissage en Moto GP, cette année, c'était la saison de transition. Quelle sera pour vous la nature du championnat à venir ?
La confirmation ! L'essentiel pour moi sera de poursuivre sur la lancée de la fin de saison que je viens de vivre. Etre à ce point performant mais sur toute la durée du championnat. Mon but est de figurer régulièrement dans le top 6 désormais, avec un maximum de podiums. Après, tout dépend du matériel dont je vais disposer mais si je parviens à être aussi rapide qu'en cette fin de saison - et même pourquoi pas un peu plus vite - une place parmi les six premiers ne me paraît pas inaccessible. Maintenant, il reste beaucoup d'inconnues et notamment au niveau du potentiel de la concurrence.
Quelle évolution sensible avez-vous pu noter dans votre pilotage cette saison ?
Je pense avoir progressé sur tous les points du pilotage. Du point de vue de la vitesse mais aussi du freinage, de l'équilibre, de la régularité. Et puis j'ai surtout beaucoup appris en participant activement au développement de la machine. Comme j'étais tout seul cette année après le retrait très tôt dans la saison d'Olivier Jacque - même s'il a ensuite beaucoup roulé pour approfondir l'analyse des données que j'apportais - il a fallu que je redouble d'efforts pour que la moto évolue. Ce qui n'était pas simple vu mon expérience limitée en Moto GP. Mais, globalement, je crois que je m'en suis plutôt pas mal sorti.
"Kawasaki ne m'a jamais proposé de rester"
La preuve, votre Kawasaki s'est particulièrement bien comportée en essais et en qualifications cette année... Ne prenez-vous pas un risque en quittant ce team pour Honda ?
Non, pas du tout. En fait, j'ai fait mon choix dès le mois d'août. Déjà, il faut savoir que Kawasaki ne m'a jamais proposé de rester, contrairement à tout ce qui a pu être dit. J'ai reçu assez tôt une bonne offre de Lucio Cecchinello et Honda pour intégrer le team LCR. On m'a proposé de suite un contrat de deux ans et face au silence de Kawa, je n'ai pas hésité une seconde. Je sais que dans ces conditions, avec une telle relation de confiance, je ne peux que faire mieux par rapport à cette année. Maintenant, je n'oublie pas que Kawasaki m'a donné ma chance en Moto GP il y a deux ans. Je trouve simplement dommage qu'ils m'aient lâché comme ça.
Seriez-vous resté chez Kawasaki si vous aviez eu une proposition de prolongation de contrat ?
Il aurait fallu en discuter... A un moment donné, on a commencé à évoquer l'avenir et c'est clair que j'étais intéressé par un prolongement de l'aventure. Alors, oui, j'aurais pu rester chez Kawasaki si le team m'avait renouvelé sa confiance.
Qu'attendez-vous de votre nouvelle équipe ?
J'attends que l'on me donne les moyens de faire mieux que cette année. Ce dont je ne doute pas. Certes, je ne disposerai pas d'une moto 100% usine comme avec Kawa, mais d'une moto satellite. Maintenant, il faut bien noter que ces cinq dernières années, trois fois une moto satellite Honda a fini vice-championne du monde derrière la machine pilotée par Valentino Rossi. Tout ça pour dire que ce type de moto n'est pas moins compétitif et que l'on peut très bien figurer aux avant-postes à son guidon.
Ne craignez-vous pas d'avoir à repartir de zéro ?
Absolument pas. L'autre grande nouveauté pour moi concernera les pneumatiques mais encore une fois, ça m'inspire plutôt confiance. L'an prochain, je roulerai en Michelin et j'ai déjà pu constater en essais à Valence que l'adaptation à ces nouveaux pneus ne sera pas un problème. Du coup, je ne suis franchement pas inquiet. D'autant que je vais travailler sur un projet et avec une équipe technique entièrement bâtis autour de moi. Ce qui est sans doute le point le plus important.
"Les essais de Valence m'ont conforté dans mon optimisme"
Hormis votre satisfaction concernant les pneumatiques, quelles enseignements avez-vous pu tirer de vos premiers tests valencians ?
A cette occasion, j'ai un peu tout découvert en même temps. Les pneus, les suspensions... Et très honnêtement, cette expérience m'a conforté dans mon optimisme. J'en suis ressorti agréablement surpris puisqu'en piste, j'ai tout de suite eu la sensation de connaître la moto. Pendant une journée et demie, je me suis vraiment senti à l'aise et le bilan est plus que positif puisque j'ai pu faire de meilleurs chronos qu'avec la Kawasaki alors que le week-end d'avant, j'avais signé le quatrième temps des essais libres du Grand Prix de Valence. La Honda est dotée d'un moteur qui a une plage d'utilisation plus grande que la Kawasaki, ce qui facilite grandement son développement. Pour le moment, elle manque encore un peu de puissance, mais d'ici le début de l'année 2008, tout devrait être réglé avec le tout nouveau modèle.
L'an prochain, la saison s'annonce encore très ouverte avec les Stoner, Rossi, Pedrosa ou Melandri qui prétendent déjà au titre. Quel sera votre rôle parmi tous ces pilotes ?
Je vais forcément devoir me contenter du rôle d'outsider car je ne prétends pas encore pouvoir rivaliser avec ces pilotes-là. Maintenant, ça ne veut pas dire que je ne compte pas me glisser parmi eux sur certaines courses. J'ai bien l'intention de monter plusieurs fois sur le podium la saison prochaine et ça passe par de belles prestations face à eux, aussi bons soient-ils. Je l'ai fait cette année au Japon et il n'y a pas de raison que je n'y parvienne pas de nouveau.
Et Randy de Puniet champion du monde, c'est pour quand ?
2009 ? 2010... On verra comment les choses vont évoluer. Mais si je venais à progresser l'année prochaine autant que j'ai pu le faire cette saison, alors ça ne serait pas fou ou prétentieux de croire en mes chances de titre mondial dans deux ans...