Juste un petit regroupement de mes différents posts sur le sujet...
Obligé d'arrêter là à cause du Mans.Carnets de route: Estoril 2011 Jeudi, 10 heures: On se prépare...Pour une fois, comme vous verrez mieux les courses à la télé que moi, je vais essayer de vous faire vivre (pour ceux qui ne connaissent pas) les à-côtés d'un week-end de GP...
Il me reste une heure pour faire ma valise et charger appareil photo et ordinateur.
Ne pas oublier le Kway, la veste multipoches, les chargeurs, batteries, cartes mémoires, cables, adaptateurs, GPS, etc...
Départ prévu à 11 heures de chez moi pour un décollage Air France à 13h, accompagné de Thomas qui me servira d'assistant/souffre-douleur.
Programme de la journée: récupérer les "pass" (de loin le plus important) et interwiever quelques Français (toujours plus disponibles le jeudi), faire les courses pour le week-end (les petites gâteries qui font plaisir, le soir) et trouver l'hôtel au fin fond du parc régional de Sintra-Cascais.
"Adrien Mototribu" sera aussi sur place; il a mon téléphone mais je n'ai pas le sien (pas évident de se rencontrer car on n'entend jamais son tel sur un circuit).
En ce moment, contrairement aux prévisions météo, il fait grand bleu sur Estoril.
@ ce soir...
Jeudi, minuit : on s'installe...Air France n'est plus ce que c'était; outre le fait d'être devenu le champion européen du taux de remplissage, les retards de décollages deviennent assez fréquents.
Finalement, ce sera avec une heure et demie de retard que nous partirons...
Cela laisse le temps de rencontrer l'équipe d'Eurosport; Christophe Guyot, Gilles Della Posta et Rémy Tissier.
On évoque un peu le "cas Laconi" et l'avenir très sombre des envoyés spéciaux...
On abandonne la grisaille pour un vol sans histoire...
A l'arrivée, il fait soleil et 24 degrés.
A cause du retard, l'Accreditation Center est fermé lorsque j'arrive ; on verra demain...
En attendant, je constate que les troupes portugaises sont prêtes pour ce week-end...
Rencontre avec Alain Bronec; une bonne discussion quand au "pourquoi du comment" des modestes performances de Kenan Sofuoglu et de la belle prestation de Koyama à la première manche du CEV (on verra ca plus loin).
Rencontre également avec Alan Techer (qui a beaucoup grandi) et son père (Alan189 sur le forum). Ils dépannent Thomas d'un pass Red Bull qui ouvre les portes de l'hospitality Red Bull (en plus de l'accès au paddock).
Qu'ils en soient remerciés!
Je croise Valentino qui a l'air très détendu, très reposé, et se fend d'un petit salut avec sa "gueule d'ange"; nous prépare-t-il un coup pour dimanche?
Je profite des dernières heures de la journée pour déposer mes affaires à l'hôtel (le moins cher et le plus beau de la région; je garde cette adresse "authentique" à disposition des intéressés)...
... avant d'aller dîner dans un excellent petit restaurant hors des circuits touristiques et d'aller au ravitaillement "boissons" dans un des hypermarchés ouverts jusqu'a 23 heures.
Voilà, il est bientôt minuit ici (une heure de décalage avec la France) et je vais profiter de cette dernière nuit avant les choses sérieuses...
Thirob, en rentrant dans ma chambre, je me suis dit qu'il y a des signes qui ne trompent pas.... Tu peux verifier dans ta boule?
Vendredi, minuit : grosse frayeur!Aujourd'hui, ce qui m'a le plus marqué, ce ne sont ni les résultats des premiers essais libres, ni les nombreux entretiens que j'ai eu avec les Français (j'y reviendrai plus tard).
Non, ce qui m'a véritablement impressionné, c'est l'histoire qui suit.
Durant la dernière séance d'essais libres des Moto2, il tombe régulièrement quelques gouttes.
Pas de quoi détremper la piste, mais suffisamment pour réduire a une demi-douzaine le nombre de courageux a rouler.
Je m'abrite donc dans une cabane de commissaires pour ne pas ruiner mon appareil photo (exactement la même dans laquelle j'avais subit le déluge de l'année dernière, au bout de la petite ligne droite).
La séance, monotone et sans intérêt, se termine et j'attends malgré tout pour faire quelques photos du Français Alan Techer en qualification de la Red Bull Cup.
La pluie augmente peu a peu d'intensité jusqu'a devenir vraiment très forte et noyer les montagnes environnantes.
A ce moment, soit environ 40 minutes après l'horaire initialement prévu, Thomas me dit: «de toute façon, avec cette pluie, impossible qu'ils les laissent partir".
A cet instant précis, le groupe des KTM arrive a notre hauteur et je lui réponds:"tiens, regarde si..."
Et je n'ai pas le temps de terminer ma phrase; un énorme coup de tonnerre nous abasourdit en même temps que l'éclair nous éblouit!
Pas le temps de réfléchir, réaction instinctive, je me baisse en criant "putain!"
Image de la télévision portugaise
A la décharge des organisateurs, il fallait absolument une qualification pour la course du lendemain...
A leur décharge toujours, la procédure de départ prend toujours une dizaine de minutes, temps largement suffisant pour que les conditions météo s'aggravent, ce qui a été le cas...
Si la photo avait été cadrée deux mètres plus large, vous m'auriez vu complètement à gauche...
Une fraction de seconde plus tard, on se redresse et on voit, a vingt mètres de nous, une moto par terre, son jeune pilote tentant de bouger vainement un peu, avant de se retrouver complètement immobile, en position de pilotage, face contre terre; il vient carrément d'etre foudroyé sous nos yeux!
La position n'est pas du tout naturelle, comme si ses jambes étaient complètement rigides et il ne bouge plus d'un centimètre alors que les commissaires évacuent sa moto.
Il s'agit de l'Autrichien Deni Cudic (16 ans) et à cet instant, nous pressentons malheureusement qu'il est mort.
Une chape de plomb s’abat sur nous puis nous réalisons subitement que nous sommes dans une cabane en acier, complètement inondée, et dotée d'un toit métallique agrémente d'un « joli » pic pointant vers le ciel.
Nous prenons nos jambes à notre cou, et je me jure de ne jamais montrer la série de photos si ce gamin est vraiment mort.
Arrivé en lieu sûr, j'interroge diverses personnes mais nul n'est au courant car le coup de tonnerre a fait sauter l'électricité sur tout le circuit.
J'apprendrais, une longue heure plus tard, par le papa dÁlan Techer, qu'il a repris conscience et a été emmené a l'hôpital de Lisbonne pour un check-up complet.
Gros, gros soulagement!
Cela semble actuellement confirmé par le site Red Bull et Peter Clifford.
http://www.redbull.com/cs/Satellite/en_INT/Article/ESTORIL-QUALIFYING-BINDER-SNATCHES-POLE-021243006041309Très très grosse peur, heureusement sans mal puisque, finalement, seul mon appareil photo n'a pas survêcu à cette journée!
A demain, avec des histoires que j'espère moins dramatiques...
Samedi, minuit : Qualification Moto2, vêcue dans le box SpeedUp de Valentin Debise et Pol Espargaro.En fait, le Team SpeedUp est une structure séparée en deux; d'une part le team "SpeedUp HP Tuenti" qui s'occupe de l'Espagnol, à grand renfort de sponsors, et d'autre part le team SpeedUp "tout court" qui s'occupe de Valentin.
A moyens différents, traitement différent, que ce soit au point de vue du nombre de mécaniciens, des séances d'essais privés ou des supporters accueillis avec empressement à l'hospitality du team...
Cela ne veut pas dire que Valentin est maltraité, bien au contraire: tout le monde est gentil avec lui, du team manager à son coéquipier en passant par les hommes ou femmes du team.
Non, simplement, il est moins "important" pour le team car il n'a pas un pays et des sponsors derrière lui...
La veille, Valentin a chuté en fin de séance libre et prend la décision de partir avec de vieux pneus pour continuer à essayer de régler la moto...
Valentin s'en est tiré avec un trou au genou mais il n'est pas du genre à se trouver la moindre excuse pour ne pas donner son maximum, qu'il s'agisse de bobos ou de réglages de sa moto...
Quelques minutes avant le début de séance, le rituel des préparatifs permet aux pilotes de se concentrer...
Valentin est toujours un des premiers, si ce n'est le premier, à s'élancer; tout simplement pour profiter de la moindre minute d'essais et pour ne pas faire ses temps en suivant un autre pilote...
C'est parti!
Après moins de 5 minutes, Pol Espargaro rentre au stand après une petite chute.
La télévision rapplique aussitôt pour tenter de recueillir quelques mots...
On s'affaire pour remettre la moto de Pol en état quand, quelques minutes plus tard, c'est au tour de Valentin de rentrer après une glissade.
Explications avec Matthieu, son expérimenté mécanicien anglais...
On s'affaire durant de longues minutes sur la moto du Français.
Cela prend plus de temps que pour Pol mais Valentin finit par repartir dans l'indifférence générale; sur la dizaine de personnes acceptées dans le box comme spectateur, il y en a neuf qui parlent espagnol et arborent le numéro 44 et le dixième, c'est moi...
Tout le monde a les yeux rivés sur les écrans pour suivre la qualification de l'Espagnol qui vient de franchir un cap après avoir tourner durant plusieurs jours en essais privés.
Pol progresse rapidement dans la hiérarchie et vient taquiner la huitième position à quelques minutes de la fin de séance...
Le patron du team sait qu'il joue gros et est assez nerveux...
Finalement, Pol se classera à une très belle dixième place...
Pour Valentin, les choses se passent beaucoup moins bien; 32ème!
Il rentre, confie sa moto aux mécaniciens et traverse le box, visiblement mécontent, et sort immédiatement pour se changer.
Dans des moments comme ceux-là, malgré sa gentillesse, pas question de lui poser la moindre question; il faut laisser la pression retomber.
Chez Valentin, elle retombe d'ailleurs assez vite, preuve d'une étonnante maturité que l'on retrouve de plus en plus dans ses interviews.
Au-delà du résultat provisoire du Français, évidemment décevant, son discours est à la fois assez pertinent et simple; Valentin analyse très bien ses performances actuelles mais reste lucide sur ses possibilités.
Bien que relégué au second plan au sein de son team et ne bénéficiant d'aucun coach technique (Alain Bronec fait ce qu'il peut mais ce n'est pas toujours facile, matériellement parlant), il sait tout à fait ce qu'il peut améliorer et s'y emploie.
Sa course du lendemain montrera d'ailleurs qu'il n'était pas à sa place sur la grille de départ et des points amplements mérités seraient venus récompenser le Français si Axel Pons ne l'avait pas percuté à deux tours de la fin...
Sur le moment, concentration et pression obligent, Valentin était à deux doigts de se précipiter dans le stand voisin; son team l'en a dissuadé, avec raison.
Sincèrement, je suis impressionné par l'expérience de notre représentant, qui ne se cherche aucune excuse (à l'image d'un Lorenzo, il ne se focalise pas sur la moto et essaie simplement d'en tirer le maximum) mais sait très bien que ses performances actuelles ne sont que le fruit de circonstances bien particulières.
Hier et aujourd'hui, il participait enfin à des essais privés; à la veille du Mans, je suis certain que cela va le propulser beaucoup plus haut dans la hiérachie de la Moto2...
Pour clôturer le tableau, il serait injuste de ne pas citer sa simplicité et son hospitalité; Valentin est probablement un des Français les plus abordables dans un paddock!
Dimanche, minuit : Autres instants, ceux passés avec le CIP...[center]
Alain Bronec est un être qui aime s'auto-qualifier de paranoïaque...
C'est sans doute pour cela que nos relations ont tout d'abord été marquées du sceau de la méfiance, avant que Valentin Debise ne se proclame "ambassadeur" et persuade Alain que je ne suis pas plus mauvais que j'en ai l'air.
Depuis plus d'une année, tout est au beau fixe entre nous, et le propriétaire du CIP fait plus que de m'ouvrir ses portes; il me confie beaucoup de choses.
Une sorte de confiance s'est ainsi peu à peu établie.
C'est principalement grâce à cela que nous avons pu obtenir une interview exclusive de Gilles Bigot cet hiver.
Vous avez dit:"Gilles Bigot"?
Un être qui transpire la gentillesse et la passion!
Certes, je l'avais d'abord interviewé par écrit, puis je lui avais parlé au téléphone, mais je n'avais pas pu me rendre compte à quel point, malgré ses expériences passées et présentes de haut-niveau (rappelons simplement qu'il s'occupait d'Alex Criville lors de son titre de champion du monde), il demeure simple, abordable et toujours autant passionné.
Un grand merci, donc, à ses deux personnages du Continental Circus avec qui l'on peut converser sans langue de bois lors de rencontres extrêmement enrichissantes, et ce , même lors d'un Grand Prix, ce qui, vous en conviendrez, n'est le moment le plus opportun pour être tranquille, d'autant que le CIP est si populaire, même au Japon, qu'Alain et Gilles ont réussi à transformer des Nippons en actifs supporters de la Suisse!
Maintenant, reprenons un peu l'histoire du CIP Moto2.
2010 démarre en fanfare avec la victoire du très regretté Shoya Tomisawa et tout le monde se fait alors une image biaisée du team: Tomisawa est là pour se battre pour la victoire alors que Dominique Aegerter n'est qu'un pilote "alimentaire" qui apporte de gros sponsors helvétiques...
Ce serait faire injure au talent de détecteur national d'Alain Bronec que de croire cela!
En fin d'année dernière, après deux prestations prometteuses, le CIP réussit à décrocher Kenan Sofuoglu, champion du monde Supersport, au nez et à la barbe de teams bien plus fortunés.
Celait confortait encore le schéma imaginé par certains...
Oui, sauf que cette année, Kenan a visiblement beaucoup plus de mal que l'année dernière et que, au jour d'aujourd'hui, Dominique a effectué de meilleures prestations que le Turc!
Que s'est-il passé?
Kenan a subit la mort de son père et ne s'est quasiment pas entraîné durant l'hiver.
Pendant ce temps là, ses petits camarades que sont Bradl, Marquez, Luthi, Redding ou autres, ont accumulé des milliers de kilomètres lors d'essais hivernaux plus ou moins secrets et atteint un niveau de performances que les nouveaux pneus Dunlop ne permettent plus de niveller par le bas.
Le Turc est donc déstabilisé en début d'année et se perd dans des recherches de réglages plus Supersport que Moto2, réglages qu'il réussit à imposer au vu de ses titres de champion du monde (2007 et 2010).
On peut illustrer cela en constatant qu'il utilise encore un "vieux" châssis 2010 alors que trois châssis 2011 flambants neufs sont disponibles dans le camion du CIP...
Pendant ce temps, Dominique Aegerter, plus modeste, poursuit son petit bonhomme de chemin, améliore ses performances, et, bien coaché par Alain, continue sa progression vers le haut de la hiérarchie.
Ses résultats étant d'être loin d'être à la hauteur de ses espérances, Kenan consent ensuite, peu à peu, à travailler dans la bonne direction et cesse de s'abriter derrière les différentes pièces d'évolution dont disposent ses concurrents alors que l'équipe de Gilles Bigot fait de plus en plus ressembler ses réglages à ceux d'un châssis 2011...
A Estoril, les premiers résultats se font enfin sentir et Kenan réussit même à faire le meilleur temps d'une Free Practice...
... à la plus grande joie de ses sponsors!
En course, il se battra comme un lion, très longtemps à une splendide deuxième place, mais finira par chuter dans le "pif-paf", perdant ainsi toute chance de bien figurer, au contraire de son coéquipier qui apporte une très belle quatrième place au CIP.
Pour le moment, cela ressemble un peu à l'histoire du lièvre et de la tortue mais il semblerait que les performances réalisées à Estoril confortent le Turc dans la direction à travailler.
On peut ainsi espérer un duo très consistant pour la manche française du championnat...
Parler du CIP sans parler de ses mécaniciens ou techniciens seraient oublier une composante de cette alchimie; toujours accueillants mais surtout travailleurs, ils complètent à la perfection le jeu d'échec aligné par Alain Bronec pour cette saison 2011.
Avec des pièces maîtresses, comme Gilles Bigot, mais aussi Albo ou d'autres, moins médiatiques mais néanmoins solides...
PS: attention, un homme du CIP, présent sur les photos, est parmis nous, mais il désire garder l'anonymat!
Dimanche, minuit : Le Forward Racing...J’ai entendu parlé de Jules Cluzel, pour la première fois, lorsque son agent, Eric Mahé, l’a envoyé, en 2005, finir à une exceptionnelle deuxième place au Mugello, lors du championnat italien de vitesse 125cc.
Cela se passait au sein de la structure du Villiers Team Compétition de Karim Djaouk ; ceci explique cela...
Cet authentique exploit m’est souvent revenu aux oreilles, la dernière fois étant le week-end dernier à Estoril de la bouche d'Eric: « et là, je vois mon Jules qui déboulle en tête avec sa petite Honda bleue et rouge… »
Jules possède une position de pilotage qui lui est propre ; assez en avant sur la moto, avec le buste et la tête relevés, contrairement à la mode actuelle qui consiste à aller raser le bitume avec son menton.
Estoril, étant sans doute l’un des circuits où les photographes sont au plus près des motos en piste, permet de le confirmer.
Depuis l’exploit de 2005, les années ont passé mais le couple Cluzel/Mahé a su résister aux aléas de la compétition et progresser vers le sommet de la catégorie Moto2.
Jules fait même partie de la tête de la hiérarchie depuis ses performances au Qatar et sa victoire à Silverstone.
Cette année, il n’est jamais loin des premières places mais, durant l’hiver, un peu à l’image de Sofuoglu, ses concurrents se sont sérieusement entraînés et atteint un niveau de performance que les nouveaux pneus Dunlop ne permettent plus de niveler par le bas.
Dès lors, pour notre représentant, il faut aller chercher les derniers dixièmes « à la force du poignet » et cela ne se fait pas toujours sans flirter avec la limite…
Profitons de ce retour au stand pour faire plus ample connaissance avec le team Forward.
Bien qu’Italien par ses gênes, il est officiellement basé en Suisse et aligne Jules Cluzel et Alex Baldolini.
Il est la propriété de la société Media Action, dont le but est avant tout de rechercher des sponsors, mais qui, dans le cas présent, en a sélectionné quelques uns pour financer le team Moto2 (et, depuis cette année, une structure en 125cc).
Au sein de cet environnement italien, Jules dispose d’une cellule française entièrement dévouée à sa cause :
- Eric Mahé, ami, agent de Jules et de Randy De Puniet, mais aussi ancien pilote et excellent technicien pour les suspensions…
- Bernard Martignac, chef mécanicien, co-fondateur de l'écurie Tech 3 et mécanicien de Shinya Nakano l'année du titre mondial d’Olivier Jacque…
- Florian Ferracci, mécanicien et ancien de chez Kawasaki MotoGP…
Une bien belle équipe, tout à fait à même d’accompagner Jules vers le sommet de la hiérarchie.
C’est grâce à la gentillesse de Florian Ferracci, alias « Ferchou » sur ce forum, que nous avons pu avoir « portes ouvertes » chez Forward. Un grand merci à lui !
Profitant de cette occasion privilégiée, on constate plusieurs particularité sur la Suter du Français.
Malgré les traces d’une vie visiblement déjà mouvementée, il s’agit bien d’un châssis 2011 (MMXI, doit-on dire)….
Toutefois, le train avant ne correspond pas aux éléments habituellement montés sur ses sœurs helvétiques…
En lieu et place des sempiternels fourches Öhlins FG366 et étriers Brembo Al/Li, on trouve ici… les éléments de la Hayate, ex-Kawasaki MotoGP !
En effet, on se souvient que l’équipe Forward avait en charge l’exploitation de la Japonaise, pendant sa dernière année de compétition, et le team a ainsi eu l’opportunité et la volonté d’acquérir ces éléments offrant un excellent rapport coût/technicité.
Est-ce vraiment un avantage ?
Je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement entre les plaintes ponctuelles de Jules concernant son train avant et le fait que Öhlins ait proposé, dès l’année dernière, une fourche à la rigidité diminuée pour offrir un meilleur feeling à son pilote.
Il serait évidemment totalement présomptueux d’affirmer quoi que ce soit, dans un sens ou dans un autre.
Seuls les hommes de Forward pourraient répondre…
En continuant d’observer la moto de Jules, on note qu’il opte pour une répartition des masses centrée sur l’arrière : serait-ce pour compenser sa position de pilotage assez en avant ?
En fait, probablement pas, car si on peut constater des réglages diamétralement opposés dans le paddock, on note toutefois que Marquez et Bradl ont adopté un réglage à peu près similaire…
A l’issue des essais, Jules est satisfait de sa moto, ne lui trouvant aucun défaut particulier.
Tout au plus aimerait-il un plus de feeling à l’avant et un peu plus de grip à l’arrière, mais c’est le souhait de tous les pilotes du plateau!
A la veille de la course, il est donc assez confiant, tout comme son entourage qui le verrait bien sur le podium.
Le début de la course semble confirmer ce pronostic car, après un départ quelconque, Jules remonte assez vite jusqu’à la 4ème place.
Tout se déroule donc bien jusqu’à ce que Iannone ne le passe sans coup férir pour continuer sa remontée fantastique.
(A titre d’information, j’ai pu observer les différences de pilotages entre les deux hommes quand ils étaient l’un derrière l’autre : l’Italien accélère parfois plus tôt et plus progressivement que le Français, ce qui le rend plus véloce quand les motos sont pleinement redressées).
Jules reste quelques tours dans le sillage de l'Italien, puis chute au 12ème tour, sur "perte du train avant".
A-t-il voulu s'accrocher à tout prix à Iannone pour profiter de sa remontée? Lui seul le sait!
Quelques tours plus tard, Iannone, alors en tête, chutera également mais repartira pour finir 13ème.
Un peu plus tard, dans le box italo-suisse... les héros sont fatigués!
Le Français est extrêmement déçu, calculant et recalculant les points perdus lors de cette manche portugaise…
En fin d’après-midi, j’assiste à une scène assez poignante.
Jules prend le volant de son camping-car et règle son GPS pour le ramener à Montluçon (et non, tous les pilotes n’ont pas la vie facile des stars du MotoGP).
Il déclare alors : « tu sais, le plus difficile, ça ne va pas être de conduire jusque chez moi. Cela va être d’être seul avec moi-même, pendant quinze heures, à penser aux points perdus pendant ce week-end. »
Eric Mahé l’embrasse affectueusement, lui déclare « fais attention sur la route « Chicken », et arrête-toi quand tu es fatigué .»
Une dernière manœuvre, un dernier signe de la main, et Jules disparaît pour un voyage de 1600 kilomètres, seul avec ses regrets.
« Séquence émotion », comme dirait Nicolas Hulot…
Pour conclure, à propos d'émotion et de respect, il serait injuste de passer sous silence la passion de Florian Ferracci; ancien pilote et ancien mécanicien de MotoGP (ce qui lui a valu de piloter la Kawasaki MotoGP, un honneur rarement accordé), on se dit qu'il doit être blasé par tant d'années sur les circuits...
C'est tout le contraire; quand il ne travaille pas sur la moto de Jules, il va soutenir et encourager nos pilotes (ici, Alan Techer, pilote Red Bull Rookies Cup) lors d'un week-end de Grand Prix... ou, dans le cas contraire, n'hésite pas à prendre la route pour aller soutenir Florian Marino en Supersport mondial aux Pays-bas!
Respect!
Lundi: A propos d'Alan Techer... Non content d'être soutenu moralement par Florian Ferraci, il est "chouchouté" par une bonne partie du clan français.
Victime d'un accident assez sérieux la saison passée, il revient cette année avec de grandes ambitions.
Alan termine les deux courses à 4ème place.
Lors de la seconde manche, il aurait très probablement fini sur le podium mais dans le dernier tour, au pif-paf, le pilote qui le précédait est tombé devant ses roues et celui qui le suivait en a profité pour passer.
Alan était très déçu a l'arrivée mais Jacky Hutteau, toujours très proche de tous les pilotes français, même des plus jeunes, lui a prodigué des conseils forcement pertinents.
Ce sera sans doute pour une prochaine fois, et ce sera mérité!
Quelques photos du week-end...
Mardi, minuit: Le mystère Iannone...Le mystère Iannone se perpétue d’une année sur l’autre, quelque soit la moto…
Pire : on s’habitue progressivement à ce que l’Italien, même s’il commence mal son week-end, effectue de fantastiques remontées, le jour de la course, pour venir disputer la première place à l’inébranlable Bradl.
Les rumeurs ont couru, les contrôles ont été effectués (entre autre par la Dorna, en analysant son acquisition de données) mais rien n’y fait ; la vélocité de celui que l’on surnomme parfois « le géant vert », en allusion à ses couleurs passées et à sa grande taille, continue de laisser perplexes, si ce n’est la totalité, bon nombre d’intervenants des GP (reconnaissons à Eric Offenstadt la sagesse de voir en lui un talent inhabituel)…
Dernier épisode en date, lors de ce Grand Prix du Portugal 2011.
Andrea Iannone se qualifie à une très modeste 14ème place, à exactement une seconde de l’Allemand à la moto rouge et blanche.
Comme d’habitude pour un challenger au titre, ce n’est pas la grande joie dans l’entourage de l’Italien et les mines s’allongent, que ce soit du côté de son père ou ses team managers (Uccio et Silvio Vercilli).
Et pourtant, comme par miracle, le lendemain, Iannone remonte tous ces concurrents pour prendre assez facilement la tête de la course. « Comme d’habitude » serait-on tenté de dire, tellement il nous a habitués à d’authentiques exploits dans cette catégorie mono-moteurs.
Alors, Iannone, bête de course ?
Si l’on regarde les feuilles de temps d’Estoril, on s’aperçoit qu’il possède la meilleure vitesse de pointe du plateau (en moyenne et hors aspiration) et de loin : 286.2 km/h, renvoyant la seconde Suter, celle du pourtant beaucoup plus léger Marquez, à 7.5 km/h !
Impressionnant, non ?
Hélas, en ce jour, la chance n’a pas souri au « Géant Vert » qui a chuté au « pif-paf » alors que la première place lui semblait bien acquise, à quatre tours de la fin.
Le mystère demeure, et c’est tant mieux !
Insolite : Suite et presque fin de mon carnet de route: il faut maintenant penser à l'épreuve mancelle et je manque de temps...Estoril, vendredi après-midi, fin de la deuxième séance d’essais libres Moto2.
En bout de ligne droite, une silhouette inhabituelle se profile.
Arrivée à ma hauteur, je découvre qu’il s’agit de Ricard Cardus qui a apparemment chuté quelques instants plus tôt et essaie de tenir son carénage avec son pied droit…
Raté ! Manque de concentration ou morceau de carénage qui se détache et passe sous sa roue arrière; toujours est-il que cela entraîne sa chute dans le virage suivant.
Pas de bobo pour le pilote espagnol.
En fait, il s'avère qu'il n'avait pas chuté précédemment, mais juste subi un carénage mal fixé...
Voilà, il manque des pans entiers de mon week-end, et en particulier la balade sur la pit-lane avec Adrien, mais je dois clôturer le sujet pour me préparer pour Le Mans.
J'essairai de m'y intéresser à ceux qui sont absents dans ce carnet de route....