Tiens, un petit topo sur la plus belle course du week-end...A priori, je n'étais motivé pour me rendre sur cette dernière manche du SBK que pour deux raisons principales ; suivre les débuts de Florian Marino en Supersport et assister aux finales des Superstock où, à n'en pas douter, les Français allaient défendre chèrement leur peau!
Et, non seulement je n'ai pas été décu, mais j'ai eu droit, en prime, à la découverte d'un nouveau pilote très attachant. Alors, plutôt que d'essayer de tout raconter, je me contenterai de rapporter des moments, de façon non-chronologique, car ils s'embriquent tous les uns dans les autres.
Il faut bien le reconnaître, je n'ai qu'une vision très partielle du panorama des pilotes français hors-GP.
Et Stéphane Egéa, cela ne m'évoquait que les cris de Damien, le responsable du banc moteur de Jean-François de Tournay (Jeff Mendes sur ce forum), qui invoquait le ciel (à Lédenon, je crois) pour que Stéphane calme un peu ses ardeurs lors d'une manche du FSBK...
Stéphane Egéa officie habituellement en Supersport français mais une blessure de Richard de Tournay, lui-même remplaçant de Cyril Carrillo qui a préféré mettre un terme à sa saison, lui a permis de bénéficier de la place vacante au guidon de la Yamaha du team Aspi-Lussiana en Superstock 600, place aidée par la FFM.
Hors de la piste, j'ai découvert un garçon un peu timide, très calme, concentré, mais ouvert et sympathique.
Et, sur la piste, un pilote qui réalisera finalement le troisième temps des essais, au nez et à la barbe de tous les habitués de la catégorie, à l'exception des deux très entraînés sociétaires du team Morillas, en l'occurence Jérémy Guarnoni, le champion d'Europe en titre et Romain Lanusse, une des révélations de l'année!
Vendredi soir, Stéphane est même crédité du 2ème temps et, dans le team Aspi, on décide de lui monter un moteur un peu plus frais pour aller taquiner la pôle le lendemain...
Avant cela, les hommes de Pirelli se déplacent jusqu'au camion Aspi pour faire le point; c'est rare et explicite!
Hélas, si le propulseur possède 2 ou 3 chevaux de plus, son caractère est différent, et Stéphane ne retrouve pas ses repères et se sent mal à l'aise le samedi matin.
Loin de se laisser abattre par cela, il se concentre alors sur la course pour être en mesure de rivaliser avec Jérémy et Romain.
Et quelle course!
Auteur du meilleur départ, Stéphane se battra comme un lion avec Jérémy, multipliant les dépassements, à l'intérieur ou à l'extérieur, pour compenser un léger manque en accélération.
Durant huit tours, dans la lumière rasante, le spectacle sera splendide et tiendra en haleine tous les spectateurs présents.
Ceux qui ont vu la course ou ont accès à la vidéo savent de quoi je parle...
:good:
Dans le stand Aspi, on frôle l'attaque cardiaque et, en vieux renard, André Lussiana, craignant la chute, demande que l'on passe le panneau "P2 OK" à trois tours de la fin.
Donnant le maximum Stéphane n'aura pas le temps de le voir car, personne ne voulant rien lâcher, les deux pilotes s'accrocheront au bout de huit tours.
On retient quelques larmes comme on peut, sous le regard de la caméra d'Infront, puis on rentre vers le stand.
Au bout de quelques minutes, Jacques Bolle vient voir Stéphane pour, d'un air sollenel, lui déclarer:"une petite boulette, hein, Stéphane?".
Le pauvre Stéphane, déjà abattu, ne sait plus où se mettre...
Avec quelques années de plus, Stéphane aurait sans doute pu répondre:" Non monsieur le président. Il ne s'agit pas d'une boulette mais d'un simple fait de course.
Ne disputant pas un championnat complet, je n'avais aucune raison de jouer "placé" pour comptabiliser des points.
Tout le monde a vu que je pouvais assurer une seconde marche sur le podium mais je me devais de donner le maximum car j'étais plus rapide que Jérémy en course, surtout dans les phases de freinage et de virage où a eu lieu l'accrochage.
Je ne polémique pas sur les responsabilités, sans doute partagées, de cet accrochage et je suis désolé, pour Jérémy et pour moi-même, que cela se termine ainsi mais je ne fais que mon métier de compétiteur".
Bon, évidemment, le président étant décisionnaire en ce qui concerne les aides pour l'année 2011, Stéphane a eu raison de ne pas répondre...
D'ailleurs, Jacques Bolle ne s'y est pas trompé et Stéphane sera dûment récompensé en participant aux deux dernières courses du championnat espagnol..... en Moto2, au sein du team d'Alain Bronec!
Et, pour "Petite Ducati", des images que l'on ne verra plus....